lundi 3 août 2009

Vred ("Scarpbooking", part #2)


La photo est floue. Le monde aussi. Ses frontières.
Vred Bled. 14h32. Un jour de pluie.

L'horloge se dit de Kensington. Ou en donne l'air. La déco est méxicaine (peinture sur le mur du fond et niche avec statue) et en donne vraiment l'air. Le raisin, vert perpétuellement, est en plastique. Luce est anglaise, elle vient de Brighton, mais vit en ce moment dans un chalet alpin à Chamonix. Comme le chocolat sur la table. Alpin. Andrès est chilien, son fils va à l'école de ma fille, à wazemmes, nous sommes voisins. On parle. Lui au Chili écrit sur le paysage avec des grosses lettres de glace, moi avec des lettres rouges en bois. Le monde est petit. A son accent le patron est un étranger, il confirme être de la métropole, de Tourcoing. Un temps cabaretier à Oleron. Puis retour dans le Nord, ici à Vred.

Les espaces s'entrecroisent. Se chargent l'un de l'autre. Via les porteurs qui les ont traversés. S'en sont chargés. Et modifient le second en fonction du premier. Les espaces naturels, pour rester un tant soit peu naturels, doivent se protéger de ça.

Ici à Vred, les gaulois étaient là, il y a longtemps. Pas de télés, pas internet. Et contrairement aux hommes préhistoriques présents, on peut imaginer que ces gaulois avaient, des fois, la visite de gens costumés (les hommes préhistoriques ne l'étant pas, puisque nus, le poil étant sans doute différent selon les tribus, les différences étaient sans doute plus subtiles que l'uniformisation du à une mode, une culture) comme des Romains ou quelques Vikings ( pour revenir à cet histoire de costumes, je m'avance un peu je crois, puisque suite à des recherches, j'ai remarqué que pour les braies, elles étaient semblables pour les gaulois, romains et vikings: la preuve est ici sur e-bay où un internaute vend des braies neuves de Romain Gaulois Vikings).

Les gaulois donc étaient là. Les temps se croisent. le village fut donné à l'abbaye d'Anchin lors de sa fondation en 1079. Les gaulois se chauffaient sans doute déjà à la tourbe ( les espaces en moi se croisent: j'ai vécu deux ans en irlande, à Oughterard, aux portes du Connemara, la rivière au bout du jardin finissant dans le Lough Coriib, l'hiver je me chauffais à la tourbe, le reste du village aussi, ce qui donnait à l'espace une odeur particulière, celle de la tourbe brûlée, et une sensation de communauté dans ces cheminées fumantes à la tombée de la nuit, attrapant les rayons de lune... mais je m'éloigne...) (non en fait je suis en plein dedans: la perception de l'espace ne se faisant que par le sujet même arrivant avec son histoire, son regard et son idée de "nature"...)
On me l'a dit donc, et ça se voit encore, là à quelques pas, dans la tourbière ancestrale. Et l'histoire, facilement imaginable dans mon esprit se colle lentement au lieu. On me renseigne et j'augmente mon regard de cette information: "La tourbière de Vred, zone humide continentale d'une superficie de 41 ha., s'inscrit dans le système alluvial de la basse Scarpe (près de 40 000 ha). Elle repose sur des alluvions tourbeuses dans lesquelles l'eau circule très difficilement en raison de l'absence quasi totale de pente : situé entre 16 et 17,5 m, le site tend à décrire une cuvette par rapport à son environnement immédiat. Géologiquement, la réserve se caractérise par une accumulation hétérogène de sables et d'argiles tertiaires reposant sur des couches crayeuses.
La réserve est l'une des trois dernières tourbières alcalines actives de la région. En effet, la tourbe fut autrefois exploitée (XIIIe jusqu'à la fin du XVIIIe siècle), activité qui fut ensuite supplantée par la fauche et les pratiques maraîchères favorisées par la mise en place d'un important réseau de drainage subsistant encore aujourd'hui (de nombreux fossés, plus ou moins atterris, jalonnent l'ensemble de la réserve). Deux étangs sont présents sur la réserve : un étang de chasse et un second, plus au sud. La chasse au gibier d'eau y est pratiquée ; la pêche l'est, quant à elle, occasionnellement.
La variété des milieux (bois, étangs, roselières, sphagnaies) et les nombreuses unités de végétation (33 au total) accueillent une diversité de vie étonnante (flore, invertébrés, vertébrés et fonge).
A ce jour, ce patrimoine est riche, au moins : 267 espèces végétales (17 protégées), plus de 170 espèces de champignons (dont 15 uniques pour la région), 98 espèces d'arachnides et opilions, 16 espèces d'odonates, 6 espèces d'amphibiens (dont Rana arvalis), 98 espèces d'oiseaux (près de 60 nicheurs)…Des peupleraies et des frênaies sont également à signaler, surtout au nord et à l’est de la Grande Tourbière. Avec le marais de Marchiennes, le site abrite sans doute une des dernières tourbières encore actives du Nord, avec en particulier une tourbière boisée flottante à phaignes plus ou moins unique au niveau régional. Sur une cinquantaine d’hectares,de précieux biotopes marécageux ont ainsi pu se différencier, hébergeant une flore et des communautés végétales parmi les plus rares et les plus originales du Nord-Pas-de-Calais."

Toujours est-il que mon esprit est une tourbière aussi, un étang profond sur lequel des particules en suspension se sont mises à flotter, flotter, je suis tellement abreuvé d'informations que ces particules en suspension sont devenues croûte, je me déplace dessus aisément, posant des fois, si l'attention fait défaut, le pied dans une trappe, un endroit moins "solide"... déchu, je ne marche plus sur l'eau, mon corps s'y enfonce, au dessous de cette banquise de limon, neuf à dix mètres d'eau... là où les particules en suspension n'ont pas cette solidité croûteuse, solidité qui n'existerait pas sans ce liquide amniotique, nourricier, porteur... Au sommet des Twelves Bens, de Ben Bulben ou autre montagne spongieuse du Connemara, le sol et l'eau qu'"il contient, ou l'inverse, l'eau qui contient le sol, porte les vibrations de chaque pas très loin.
Si je saute en l'air, l'onde de ma chute sera perçue à une dizaine de mètres de là, par un voisin.

Peut-on percevoir des choses sans toujours les ramener à soi?

2 commentaires:

pop a dit…

tiens, je croise par hasard des lettres...

pop a dit…

http://www.essonne.fr/culture_sports_loisirs/lieux_culturels/domaine_departemental_de_chamarande/dossier/les_expositions_dart_contemporain/