Là-bas, derrière la mosquée mouride, le bosquet d'arbres, m'a-t-on dit, c'est la mauritanie.
Rien à voir avec le territoire assigné, le Parc Naturel Scarpe-Escaut et Laporte du Hainaut. Et pourtant...
La confluence est là, également. Le fleuve Sénégal reçoit le marigot de Djouss, comme l'Escaut se gonflant de la scarpe. Une voile passe, un canoé attend, à Armentières, que le temps s'adoucit, pour remonter la Scarpe, à coup de voile aurique et de pagaie. Si le vernis des lames jointes n'a pas craqué...
Pourtant je suis là et porte en moi les images de neige, fraiches, à peine une semaine, j'avais posé ma tente, un mot et un territoire: Mauritania. A Mortagne-du-Nord. Une tente jetable, rien à voir avec la véritable tente mauritanienne.
La question est la même, ici ou ailleurs. Un territoire. S'y mouvoir.
Le but n'est pas d'arriver, je n'ai nul part où aller, pas d'atelier, j'erre.
Le but n'est pas d'arriver mais de se déplacer, ouvert.
Etre transporté par le territoire. Le transport. Changer de mode pour changer de vision, changer la rencontre. Voir autrement. Sans doute. La vieille Terrot de 1953 capricieuse, un canoë en bois sans doute plus ancien, une chambre nomade de monospace, un vélo, une montgolfière...
Ici le chameau, les dunes, et Maurice Jarre en tête... je ne suis pas dans n'importe quel désert, je tangue avec les Sept Piliers de la Sagesse (jamais lu), et la silhouette de Lawrence d'Arabie, là, à côté de moi. Quel est ce territoire où tout se lie? Où tout se lit aussi sans doute... comme ce titre de blog "havre des Pas", éponyme d'un récit de route écrit il y a quelques années, par moi, au siècle dernier. Le nom d'un quartier de jersey où grandit Lawrence d'Arabie. Et qui se retrouve ici, entre deux dunes de sables orangé. Je ne suis pourtant pas en Arabie. Je suis sur le dos d'un chameau. Je suis ailleurs.
A moins que je ne sois là...
Et si tel est le cas, la notion de terrritoire est une gageure. Une gageure pour l'individu. Le reste est social. Une série de choses qu'un corps possède, dans son histoire, dans ses gestes, dans son rapport au monde parce qu'il est tombé là, et pas ailleurs. Et, que ce corps, il le trimballe, d'un endroit à un autre. Et le corps se charge, indépendamment, de tout ce qu'il croise. Et s'en nourrit... Comme les "songlines" des aborigènes australiens, le chant des pistes, écrit au fil des instants, au fil de la route. Où tout au moins l'idée que je me fais de ce chant, comme portant en lui la totalité des instants vécus, résonant del'histoire complète de celui qui le porte, plaçant en un point unique la cartographie de la route tracée.
Il est dit également que, si par malheur, une partie venait à être oublié, le porteur du chant lacunaire y perdrait la vie...
"Out brief candle..."
lundi 15 décembre 2008
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